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Une maison de mode lyonnaise éco-responsable

 

 

CathAm, une marque française

Deux stylistes-modélistes lyonnais ont créé, en 2010, leur propre maison de mode, CathAm. Elle est composée de trois entités différentes, prenant en charge les 3 composantes du métier : conception, production et vente.

Les modèles CathAm sont conçus et réalisés dans l'atelier lyonnais, en interne, depuis les premiers dessins réalisés par les deux créateurs ; ces modèles sont exclusifs à la marque. La sauvegarde des savoir-faire français constitue donc le premier axe historique de notre politique responsable.

La vente s'adresse directement aux particuliers dans le cadre unique de la boutique CathAm installée depuis 10 ans dans le Vieux-Lyon, au 24 rue du Boeuf ou par l'intermédiaire du site marchand.  

 

CathAm, zéro déchet    

Catherine et Jacques, les 2 stylistes-modélistes, créateurs de la marque, sont souvent présents dans la boutique pour la vente. Cette proximité avec la clientèle leur permet d'être conscients de ce que le consommateur peut porter et à quel prix. Leur créativité incontestable est toujours guidée par l'exigence de produire des modèles certes très originaux mais aussi "portables" au quotidien et financièrement abordables.

De plus les collections que nous concevons ne sont pas saisonnières, elles sont pensées pour l'année entière. Nos modèles ont donc le temps de s'épanouir. Ils sont tout d'abord testés en série limitée. Quand ils trouvent leur clientèle, ils deviennent des iconiques CathAm sur plusieurs années. La "Séduisante" et la "Callitham" par exemple sont des indémodables de la marque.

Ce mode de conception/présentation permet de n'avoir aucun invendu et donc zéro déchet. Pas de gaspillage.

 

Précisons qu'il n'y a pas non plus de déchet au niveau des tissus car de petits modèles sont conçus pour que les chutes ne soient pas perdues et pour compléter notre collection avec de petits prix.

 

CathAm, aux niveaux conception et production, est zéro déchet. C'est un élément important dans le cadre d'une Maison de mode qui se veut éco-responsable. Cette rigueur induit aussi des coûts inférieurs qui permettent un prix de vente très concurrentiel

L'éco-responsabilité améliore donc ici le modèle économique.

 

Par ailleurs, dans le cadre de la vente, l'emballage a été modifié pour diminuer la pollution plastique. Aujourd'hui un papier de soie coloré sert d'écrin à la pièce achetée. L'ensemble est placé dans un sac cartonné très chic et réutilisable.

 

CathAm, un soyeux lyonnais

CathAm est une maison de mode dont la matière privilégiée est la soie sauvage.

La France ne produit plus de soie depuis plus de 60 ans. Comme tous les soyeux lyonnais, nous sommes obligés de recourir à des producteurs étrangers. Notre matière de prédilection est une soie sauvage, présentant une texture très affirmée, un fil de chaine et un fil de trame de couleurs différentes et un solide maintien dans le volume.  Cette soie sauvage, avec ces qualités spécifiques, ne se trouve qu'en Inde. C'est pourquoi depuis 14 ans nous travaillons avec des producteurs indiens.

Notre volonté a été dès l'origine de travailler directement avec des producteurs, sans passer par des intermédiaires. Cette recherche a été très  compliquée au début. Mais cette voie directe présente plusieurs avantages. Tout d'abord nous connaissons les personnes travaillant pour nous et leurs conditions de travail. Nous avons l'assurance aussi que les fonds versés à la coopérative sont utilisés directement par les familles, sans prélèvement extérieur. Comme les familles gagnent mieux leur vie, elles n'ont pas besoin de la main d'œuvre des enfants. Ceux-ci peuvent donc aller à l'école.

 

Eco-responsabilité : un travail en partenariat

La confiance que nous avons tissée avec nos partenaires indiens nous permet de connaître leurs méthodes de travail. Elle nous a aussi autorisé à proposer des modifications, à inciter à des changements. 

Dans ce cadre, CathAm tend depuis 7 ans à devenir éco responsable. Des objectifs clés ont été identifiés et hiérarchisés. Une feuille de route a été élaborée portant sur 9 ans. Donc pas de rupture mais une mise en place graduelle et négociée  avec nos partenaires.

Un des premiers objectifs a été d'inciter à la mutualisation des énergies humaines et des savoir-faire. Les éleveurs, dévideurs ou cardeurs, teinturiers et tisseurs qui s'occupaient de la fabrication du tissu soie étaient réparties par métier dans un périmètre de 150 km. Le produit, aux différents stades de sa fabrication, était transporté de l'un à l'autre, ce qui engendrait pollution et coûts supplémentaires, sans parler des pertes de temps. Les différents intervenants ont pu se réunir sur des terrains libres à côté des plantations de muriers des éleveurs.

Nous verrons ce en quoi ce premier pas a été important.

 

L'éducation du ver à soie :

Le ver à soie est un ogre ; il passe la première partie de sa vie à dévorer sans relâche des feuilles de murier plus ou moins hachées selon l'âge. La litière, composée uniquement de feuilles de murier, doit être changée très régulièrement ; l'hygiène doit être irréprochable. Le ver est sensible aux courants d'air, aux différences subites de température et à l'humidité. il ne supporte ni les produits chimiques ni les pesticides. Pour rester en bonne santé, le ver n'a besoin d'aucun traitement particulier, pas d'hormone, ou d'antibiotique... rien que de la main d'œuvre.... mais beaucoup de main d'œuvre ; c'est d'ailleurs une des raisons principales de la disparition des magnaneries en France : beaucoup de travail manuel qu'on ne sait pas mécaniser.

Le ver à soie ne demande pas de traitement, pas de chimie. Il est bio comme le murier son aliment de prédilection.

Par ailleurs le ver à soie ne produit pas de déchets.  2 exemples : 

- Les vers à soie servent, après l'étouffage du cocon, de nourriture pour la volaille.

- Leurs litières quotidiennes souillées d'excréments sont épandues sur les sols et forment un engrais naturel.

 

Les plantations de muriers :

L'aliment de prédilection du ver à soie est le murier, essentiellement le mûrier blanc (Morus alba).  Cet arbre qui peut atteindre 30 mètres est très rustique. Il est donc très résistant et ne demande que très peu de soins. Il n'a besoin ni de pesticide, ni d'engrais. Au contraire, sur des terres incultes, il est connu pour enrichir le sol. Il faut bien l'arroser quand il a moins de 3 ans. Ensuite on laisse faire la nature, il devient très résistant à la sécheresse.

La plantation du murier, à l'inverse de celle du cotonnier, ne nécessite aucun pesticide, aucun engrais et très peu d'eau. Le murier est donc naturellement écologique.  

CathAm depuis deux ans n'utilise plus de coton, matière trop peu développement durable.

 

Précisons que le murier, dans une ferme, a bien d'autres mérites que de nourrir le ver à soie. Ces feuilles peuvent aussi servir de fourrage pour le bétail (en particulier en Inde pour l'inévitable vache de la famille). Ses fruits servent de complément alimentaire pour la volaille. Ses racines évitent l'érosion des sols. Les humains peuvent aussi consommer les baies du murier ou les feuilles sous forme de tisane pour leur propriété anti-oxydante reconnue.

Dans les dix premières années, le murier pousse très vite ; il fournit alors du bois énergie car il est nécessaire de l'élaguer chaque année. En effet le tronc du murier doit être maintenu à une hauteur d'environ 1m50 seulement pour fournir un volume de feuilles idéal et assurer une sécurité maximale pour le ramassage. Le murier est donc une source d'énergie renouvelable substantielle.  

 

Le fil de soie :

Dans le cas d'une production artisanale, la production du fil de soie sauvage par cardage des cocons doubles ou par dévidage des cocons de l'Antheraea, ou celle du fil de soie traditionnelle par dévidage n'est pas énergivore. Il s'agit surtout de chauffer l'eau à 70° C pour ramollir le grès, la séricine.

Lors du décreusage, l'eau est portée à 90° C pour retirer complètement le grès et permettre la teinture.

Par ailleurs, l'énergie mécanique donnée par les machines très rudimentaires lors du dévidage et du moulinage est très faible et presque négligeable par rapport à l'énergie thermique demandée.

Inversement au coton, le process n'a pas recours à des produits chimiques. Tout juste du savon pour le décreusage.

 

Teinture :

La teinture et le rinçage utilisent généralement beaucoup d'eau et les rejets, souvent chargés de métaux lourds et de produits chimiques dangereux, sont très polluants. Les étoffes ainsi produites conservent après rinçage des traces de ces polluants qui ne sont pas sans danger pour la santé.

CathAm a exclu, parmi toutes les teintures possibles, tous les colorants de classe AZO, suspectés d'être nocifs pour la peau et l'environnement. Nos colorants sont donc exempts de métaux lourds et de produits chimiques litigieux. Les risques environnementaux pour le pays d'origine sont donc limités. Pour les clients, le contact de nos matières avec la peau est sans danger et n'est pas allergisant.

Par ailleurs, les eaux de rinçage sont, après utilisation, décantées puis filtrées. Cette eau recyclée, sans être potable, est propre et peut être ré-utilisée comme eau de rinçage ou pour l'arrosage des jeunes muriers de moins de 3 ans. La consommation d'eau est donc faible et les rejets sont peu polluants.  

Un bémol : les bassins de décantation ne sont pas assez nombreux pour permettre un cycle fermé.  

 

Tissage :

Les fils de soie sauvage sont très irréguliers ; la texture qui en est issue donne tout son charme à la matière. L'inconvénient réside dans le fait que ces fils sont pratiquement incompatibles avec un tissage mécanique. Les fils coincent, échappent ; tous ces incidents induisent autant de défauts. Une soie sauvage tissée machine est de mauvaise qualité.

Le tissage de notre soie sauvage est donc entièrement manuel. L'empreinte carbone de ces métiers à tisser manuels est absolument nulle.  

 

Energie, empreinte carbone :

Le rassemblement des 4 métiers premiers que sont élevage du ver, dévidage ou cardage, teinture et tissage a permis d'éviter que les produits fassent plusieurs centaines de kilomètres pour passer entre les mains de chaque corporation. D'où une facture énergétique réduite, tant au niveau pollution qu'au niveau économique..

Les machines utilisées sont très rustiques et nécessitent peu d'énergie, l'essentiel sert à faire chauffer de l'eau à plusieurs stades de l'élaboration.

Il y a 5 ans, le bois des muriers était peu utilisé comme source d'énergie car les éleveurs n'en avaient que peu besoin. Une partie du bois de coupe était brûlée à l'air libre pour que les insectes et rongeurs "nuisibles" n'y prolifèrent pas. Les autres intervenants qui n'avaient pas accès à cette énergie bois utilisaient de façon très majoritaire l'énergie électrique du réseau. Maintenant que les différents métiers sont réunis, la demande d'énergie est centralisée et le bois des muriers est devenu une source importante d'énergie.

Par ailleurs nos incitations (et participation financière) à installer des capteurs solaires thermiques -plus rustiques et durables que les panneaux photovoltaïques- ont été concrétisées par les premières installations il y a 2 ans. Ce matériel s'avère très rentable étant donné l'ensoleillement important de l'Inde du sud.

On estime qu'aujourd'hui 80 % au moins de l'énergie utilisée est renouvelable.

 

En revanche l'acheminement en France a une empreinte carbone importante. Mais comme nous l'avons déjà dit, la remise en route des magnaneries françaises n'est pas d'actualité car les coûts seraient bien supérieurs et les consommateurs européens ne sont pas encore prêts à payer un fil de soie français 4 fois plus cher, ni un tissu de soie sauvage tissé main, pratiquement 10 fois plus cher que les somptueuses soies indiennes.  

Par ailleurs n'oublions pas que l'argent reçu par les producteurs indiens leur sert à l'éducation des enfants et à se développer, sans qu'ils considèrent pour autant que le modèle occidental est un idéal à reproduire. Nous sommes fiers de ce partenariat éthique. 

 

En conclusion :

CathAm utilise des savoir-faire bien français. Les procédures de création interne évitent le gaspillage.

Comme tous les soyeux lyonnais, CathAm est obligé de se fournir en tissu soie à l'étranger. Le respect des travailleurs locaux et de l'environnement fait de CathAm une entreprise bien placée sur la voie de l'économie durable.

Durant les quatre dernières années, des progrès importants ont été réalisés. Il n'en reste pas moins que la démarche doit être complétée. Plusieurs points restent à interroger. Pour ce qui est de la teinture, il faudrait tendre à un circuit fermé pour l'eau de rinçage. Le problème de l'acheminement n'est pas résolu et a un coût CO2 important. Ce dernier point est compliqué à résoudre, étant donné que les pays européens ne sont pas encore prêts à relever le défi d'une production viable de soie locale et que l'avion comme le bateau sont encore très polluants.

 

Nous avons remarqué aussi que l'éco-responsabilité ne rime pas forcément avec coûts supplémentaires et donc cherté du produit à la vente. Souvent, au contraire, il améliore le modèle économique, tout au moins dans le cadre d'une production artisanale.

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